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J'aime bien Frédéric Beigbeder. Son coté dandy chic parisien me fait sourire, et surtout c'est un passionné de littérature. J'avais beaucoup aimé son livre autobiographique "Un roman français", et "Un barrage contre l'Atlantique" promettait d'en être la suite. Et bien oui et non... Oui dans le sens où le livre fourmille d'anecdotes sur son enfance et son adolescence. On suit ses premiers émois amoureux et sexuels, la douleur du divorce de ses parents, son histoire avec Laura Smet, et sa vie rangée mais heureuse de père de famille ; Non dans le fait que le livre n'est justement qu'une succession de ces anecdotes, sans vraiment de fil conducteur, sauf peut-être le fait qu'il les écrive face à la mer chez un ami du Cap Ferret pendant le confinement. Et là on repart dans le coté bobo chic qui peut énerver un peu.. Bref un peu déçue, il ne suffit pas de courtes pensées, aussi pertinentes soient-elles, pour faire un bon livre.
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"Le consentement", de Vanessa Springora, a été l'année dernière une énorme bombe non seulement dans le milieu littéraire, mais également plus largement dans notre société. L'auteure y raconte sa vie, et plus particulièrement ce qui l'a selon elle conduite à tomber adolescente dans les griffes de Gabriel Matzneff (et je fais bien exprès de mettre son nom) : une éducation libertaire et sans cadre ; un père inconstant puis absent ; une sensibilité littéraire précoce mêlée à un énorme besoin de reconnaissance. Toutes les conditions sont ainsi réunies pour qu'elle tombe sous le charme de cet écrivain de 36 ans son aîné, qui l'attend tous les jours à la sortie du collège pour la conduire ensuite directement dans son lit. Le livre n'est qu'une suite de constats accablants qu'elle partage avec nous, avec en toile de fond cette question permanente : pourquoi personne n'a t'il rien fait ? Les amis de l'écrivain, qui connaissaient ses goûts répréhensibles pour les trop jeunes gens ; la police, qui a été maintes fois alertée ; le milieu littéraire, qui se délectait publiquement de ses écrits pédo-érotiques ; les parents enfin, qui ont laissé leur jeune fille de 14 ans vivre trop précocement une vie d'adulte. Alors OK leurs réactions à tous étaient le reflet d'une époque, mais que c'est triste et choquant de constater la solitude et le désoeuvrement de cette jeune fille devenue femme aujourd'hui ! Alors oui, "Le consentement" est un livre très fort, plus sur le fond que sur la forme d'ailleurs, mais l'important n'est pas là : on ne fait pas ça à un enfant.
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La nouvelle héroïne de Gaëlle de Nohant,Violet Lee , une photographe américaine vivant à Chicago une vie dorée, s'exile à Paris aux débuts des années 1950, laissant derrière elle son fils chéri . Pourquoi cette fuite? Au fil des pages, nous découvrons son mariage malheureux avec un "truand" qui travaille dans l'immobilier sur lequel il a assis sa fortune ,spéculant sur les inégalités et la ségrégation que vivent les afro-américains qui ont quitté le sud de l'Amérique pour le nord qu'ils croyaient meilleur , un climat délétère qui asphyxie notre héroïne au sens propre du terme . Elle nous promène dans le Paris bohème des caves et des débuts du jazz et de St Germain des Prés où elle traque par l'intermédiaire des ses photos la vie des plus humbles et se tisse des amitiés improbables, voire un nouvel amour . Le temps passe et elle n'a jamais oublié son enfant; à la fin des années 1960,elle retourne en Amérique confrontée aux mêmes problèmes raciaux , mort de Martin Luther King, attentat de Robert Kennedy, opposition à la guerre du Vietnam pour aboutir aux "émeutes de Chicago". Nous retrouvons dans ce livre tout ce qui fait l'écriture de G de Nohant, une reconstitution historique fidèle grâce à une documentation fouillée ,la défense des paumés et des marginaux, un gout certain pour la romantisme : une magnifique histoire de femme ! Une auteure à suivre . Jocelyne LEFEUVRE
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Adélaïde a 9 ans lorsqu'en revenant seule de la kermesse de l'école un beau dimanche de mai, elle croise la route d'un gentil monsieur lui demandant un service. Mais dans la cage d'escalier de son immeuble, le monsieur va être beaucoup moins gentil, et laisser ensuite la petite fille hagarde et en larmes. Attouchements sexuels, dira le policier au commissariat. Adélaïde grandit en mettant cet évènement de coté, mais peu à peu, lentement, insidieusement, elle se sent envahie par un mal être et une mésestime de soi, ses méduses comme elle les appelle. Elle pense pouvoir les apprivoiser, mais se fait en réalité dévorer. Jusqu'à ce jour 23 ans plus tard où la brigade des mineurs la contacte : ils ont retrouvé son agresseur... On se croirait dans un polar à la lecture de ce pitch, c'est malheureusement l'histoire de l'auteure, Adélaïde Bon, mais aussi celle, il faut le savoir, d'un enfant sur 5. Elle décrit la souffrance qui l'a habitée toutes ces années sans qu'elle puisse mettre un nom dessus, toutes les tentatives qu'elle a faites pour essayer de s'en sortir, pour comprendre ce qu'il lui est arrivé. Car comme tant d'autres victimes, son cerveau s'est protégé, en lui faisant oublier le viol qu'elle a subi. Cette lecture est très forte, d'une part de par son sujet, mais aussi par toute la force d'écriture que l'auteure y a mis. Elle le dit elle même : ce livre l'a sauvée, lui a fait mettre des mots sur l'innommable. Ce qui n'empêche pas le livre d'être très bien écrit. Bref, pas uniquement un témoignage, mais un livre poignant.
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J'adore les autobiographies, et j'aime beaucoup Isabelle Carré : je ne pouvais donc pas passer à côté de la lecture des "Rêveurs", paru l'année dernière. La comédienne y raconte dans un ordre qui est le sien son enfance heureuse mais si particulière, entre une mère peu sûre d'elle issue de la haute aristocratie vendéenne, et un père designer et homosexuel refoulé. Pas facile pour la petite fille sensible qu'elle était d'évoluer entre les deux et leurs problèmes, et de trouver sa place : tentative de suicide, émancipation précoce en témoignent. Mais ce qu'elle en retient et nous présente dans son livre, ce sont surtout les douces folie et anormalité qui entourent cette bande de rêveurs, et qui lui ont permis d'avancer et de trouver sa voie. Bref, un beau livre sensible et un peu brouillon que j'ai beaucoup aimé.
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Fascinée par la seconde guerre mondiale, je ne pouvais pas passer à coté du prix Renaudot 2017, "La disparition de Josef Mengele", d'Olivier Guez. Quoi que le Goncourt de la même année traite du même thème et que je n'ai pas du tout envie de le lire, comme quoi ça ne veut rien dire... Bref, j'ai découvert ici ce qu'a pu être la vie du tristement célèbre médecin d'Auschwitz après la guerre, et il faut avouer qu'elle est incroyable. Pathétique, mais incroyable. Déjà, dès la libération, Mengele passe à travers les mailles du filet : il avait en effet refusé de se faire tatouer son groupe sanguin sur le bras comme cela était fait pour tout officier SS, et n'a donc pas été inquiété. Il a ainsi pu gentiment se réfugier en Bavière, et préparer tranquillement sa cavale en Argentine, aidé par l'immense fortune de son père. Cependant, arrivé là-bas, la chute est rude : il ne peut exercer ses "talents" de médecin, et doit se fondre dans la classe ouvrière. Mais le régime de Peron lui rendra bien des services... Olivier Guez est à la base journaliste, et cela se ressent dans la lecture de ce livre : la narration est factuelle, sans sentiments ni belles descriptions. Au contraire, l'écriture quasi clinique rend le personnage encore plus abject, et l'on est presque déçu qu'il n'est au final pas été capturé et trainé en justice. Enfin il a sombré dans la paranoïa et le malheur, et c'est déjà ça. Bref, j'ai aimé.
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Toujours bien écrits et émouvants les livres de Sorj Chalandon sont à découvrir si vous ne connaissez pas. Celui-ci ne déroge pas à la règle. Je recommande.
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Roman très sympa à lire. L'histoire d'un jeune homme étouffé dans sa vie et qui plaque tout pour apprendre à mieux se connaître.
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"La tresse", de Laetitia Colombani, raconte le destin de 3 brins de femmes, toutes tellement différentes mais tellement semblables à la fois : Smita, l'indienne intouchable condamnée à ramasser les excréments des autres, et qui veut à tout prix éviter ce destin pour sa fille ; Giulia, la sicilienne, qui en même temps que l'amour découvre que son papou chéri a endetté leur petite fabrique de perruques jusqu'aux dents ; et Sarah, la working girl canadienne qui contrôle tout, sauf cet indicible crabe qui lentement la ronge. Contre toute attente, leurs histoires vont s'entremêler dans une tresse inattendue... Bon, je dois bien avouer que je l'ai dévoré, ce livre, malgré ses défauts : déjà il est trop court, et nous laisse rapidement sur notre faim ; ensuite les 3 personnages sont hyper stéro-typés, surtout celui de Sarah, la killeuse sans faille qui d'un seul coup découvre qu'elle a une vie ; et puis l'écriture, qui ne vole pas bien haut. Cependant ces défauts sont largement compensés par le message féministe et poétique que j'ai vu derrière tout cela : la lutte aux 4 coins de la planète pour défendre sa place dans la société ; et puis ce fil capillaire conducteur fort et féminin à la fois. Bon allez, c'est très très bien finalement !
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Attention, le coup de coeur de l'été de DD ! Nous sommes au Burundi, le "Petit pays" de Gaël Faye. Gabriel est né ici d'un père français et d'une mère exilée rwandaise qui ne s'entendent plus. Il y a aussi les copains de l'impasse avec lesquels il fait les 400 coups, les voisins un peu farfelus chez qui il va piquer des mangues en cachette, les employés locaux de son père qui tiennent la maison dans la chaleur étouffante de l'Afrique. Mais lentement, indiciblement, les tourments du Rwanda tout proche s'immiscent dans la douceur de cette enfance paisible... C'est un premier roman, mais quel roman ! Gaël Faye a su mêler la fiction avec ses propres souvenirs pour en faire un récit tendre et poignant à la fois, où l'Afrique est magnifiquement et amoureusement décrite. La montée de la violence est lente et angoissante, jusqu'aux 50 dernières pages qui sont littéralement glaçantes. Quand à la dernière phrase, elle vous remuera les tripes pendant un long moment... Bref, je recommande !
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