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"Le consentement", de Vanessa Springora, a été l'année dernière une énorme bombe non seulement dans le milieu littéraire, mais également plus largement dans notre société. L'auteure y raconte sa vie, et plus particulièrement ce qui l'a selon elle conduite à tomber adolescente dans les griffes de Gabriel Matzneff (et je fais bien exprès de mettre son nom) : une éducation libertaire et sans cadre ; un père inconstant puis absent ; une sensibilité littéraire précoce mêlée à un énorme besoin de reconnaissance. Toutes les conditions sont ainsi réunies pour qu'elle tombe sous le charme de cet écrivain de 36 ans son aîné, qui l'attend tous les jours à la sortie du collège pour la conduire ensuite directement dans son lit. Le livre n'est qu'une suite de constats accablants qu'elle partage avec nous, avec en toile de fond cette question permanente : pourquoi personne n'a t'il rien fait ? Les amis de l'écrivain, qui connaissaient ses goûts répréhensibles pour les trop jeunes gens ; la police, qui a été maintes fois alertée ; le milieu littéraire, qui se délectait publiquement de ses écrits pédo-érotiques ; les parents enfin, qui ont laissé leur jeune fille de 14 ans vivre trop précocement une vie d'adulte. Alors OK leurs réactions à tous étaient le reflet d'une époque, mais que c'est triste et choquant de constater la solitude et le désoeuvrement de cette jeune fille devenue femme aujourd'hui ! Alors oui, "Le consentement" est un livre très fort, plus sur le fond que sur la forme d'ailleurs, mais l'important n'est pas là : on ne fait pas ça à un enfant.
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La nouvelle héroïne de Gaëlle de Nohant,Violet Lee , une photographe américaine vivant à Chicago une vie dorée, s'exile à Paris aux débuts des années 1950, laissant derrière elle son fils chéri . Pourquoi cette fuite? Au fil des pages, nous découvrons son mariage malheureux avec un "truand" qui travaille dans l'immobilier sur lequel il a assis sa fortune ,spéculant sur les inégalités et la ségrégation que vivent les afro-américains qui ont quitté le sud de l'Amérique pour le nord qu'ils croyaient meilleur , un climat délétère qui asphyxie notre héroïne au sens propre du terme . Elle nous promène dans le Paris bohème des caves et des débuts du jazz et de St Germain des Prés où elle traque par l'intermédiaire des ses photos la vie des plus humbles et se tisse des amitiés improbables, voire un nouvel amour . Le temps passe et elle n'a jamais oublié son enfant; à la fin des années 1960,elle retourne en Amérique confrontée aux mêmes problèmes raciaux , mort de Martin Luther King, attentat de Robert Kennedy, opposition à la guerre du Vietnam pour aboutir aux "émeutes de Chicago". Nous retrouvons dans ce livre tout ce qui fait l'écriture de G de Nohant, une reconstitution historique fidèle grâce à une documentation fouillée ,la défense des paumés et des marginaux, un gout certain pour la romantisme : une magnifique histoire de femme ! Une auteure à suivre . Jocelyne LEFEUVRE
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"La tresse", de Laetitia Colombani, raconte le destin de 3 brins de femmes, toutes tellement différentes mais tellement semblables à la fois : Smita, l'indienne intouchable condamnée à ramasser les excréments des autres, et qui veut à tout prix éviter ce destin pour sa fille ; Giulia, la sicilienne, qui en même temps que l'amour découvre que son papou chéri a endetté leur petite fabrique de perruques jusqu'aux dents ; et Sarah, la working girl canadienne qui contrôle tout, sauf cet indicible crabe qui lentement la ronge. Contre toute attente, leurs histoires vont s'entremêler dans une tresse inattendue... Bon, je dois bien avouer que je l'ai dévoré, ce livre, malgré ses défauts : déjà il est trop court, et nous laisse rapidement sur notre faim ; ensuite les 3 personnages sont hyper stéro-typés, surtout celui de Sarah, la killeuse sans faille qui d'un seul coup découvre qu'elle a une vie ; et puis l'écriture, qui ne vole pas bien haut. Cependant ces défauts sont largement compensés par le message féministe et poétique que j'ai vu derrière tout cela : la lutte aux 4 coins de la planète pour défendre sa place dans la société ; et puis ce fil capillaire conducteur fort et féminin à la fois. Bon allez, c'est très très bien finalement !
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