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Fascinée par la seconde guerre mondiale, je ne pouvais pas passer à coté du prix Renaudot 2017, "La disparition de Josef Mengele", d'Olivier Guez. Quoi que le Goncourt de la même année traite du même thème et que je n'ai pas du tout envie de le lire, comme quoi ça ne veut rien dire... Bref, j'ai découvert ici ce qu'a pu être la vie du tristement célèbre médecin d'Auschwitz après la guerre, et il faut avouer qu'elle est incroyable. Pathétique, mais incroyable. Déjà, dès la libération, Mengele passe à travers les mailles du filet : il avait en effet refusé de se faire tatouer son groupe sanguin sur le bras comme cela était fait pour tout officier SS, et n'a donc pas été inquiété. Il a ainsi pu gentiment se réfugier en Bavière, et préparer tranquillement sa cavale en Argentine, aidé par l'immense fortune de son père. Cependant, arrivé là-bas, la chute est rude : il ne peut exercer ses "talents" de médecin, et doit se fondre dans la classe ouvrière. Mais le régime de Peron lui rendra bien des services... Olivier Guez est à la base journaliste, et cela se ressent dans la lecture de ce livre : la narration est factuelle, sans sentiments ni belles descriptions. Au contraire, l'écriture quasi clinique rend le personnage encore plus abject, et l'on est presque déçu qu'il n'est au final pas été capturé et trainé en justice. Enfin il a sombré dans la paranoïa et le malheur, et c'est déjà ça. Bref, j'ai aimé.
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"La tresse", de Laetitia Colombani, raconte le destin de 3 brins de femmes, toutes tellement différentes mais tellement semblables à la fois : Smita, l'indienne intouchable condamnée à ramasser les excréments des autres, et qui veut à tout prix éviter ce destin pour sa fille ; Giulia, la sicilienne, qui en même temps que l'amour découvre que son papou chéri a endetté leur petite fabrique de perruques jusqu'aux dents ; et Sarah, la working girl canadienne qui contrôle tout, sauf cet indicible crabe qui lentement la ronge. Contre toute attente, leurs histoires vont s'entremêler dans une tresse inattendue... Bon, je dois bien avouer que je l'ai dévoré, ce livre, malgré ses défauts : déjà il est trop court, et nous laisse rapidement sur notre faim ; ensuite les 3 personnages sont hyper stéro-typés, surtout celui de Sarah, la killeuse sans faille qui d'un seul coup découvre qu'elle a une vie ; et puis l'écriture, qui ne vole pas bien haut. Cependant ces défauts sont largement compensés par le message féministe et poétique que j'ai vu derrière tout cela : la lutte aux 4 coins de la planète pour défendre sa place dans la société ; et puis ce fil capillaire conducteur fort et féminin à la fois. Bon allez, c'est très très bien finalement !
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Attention, le coup de coeur de l'été de DD ! Nous sommes au Burundi, le "Petit pays" de Gaël Faye. Gabriel est né ici d'un père français et d'une mère exilée rwandaise qui ne s'entendent plus. Il y a aussi les copains de l'impasse avec lesquels il fait les 400 coups, les voisins un peu farfelus chez qui il va piquer des mangues en cachette, les employés locaux de son père qui tiennent la maison dans la chaleur étouffante de l'Afrique. Mais lentement, indiciblement, les tourments du Rwanda tout proche s'immiscent dans la douceur de cette enfance paisible... C'est un premier roman, mais quel roman ! Gaël Faye a su mêler la fiction avec ses propres souvenirs pour en faire un récit tendre et poignant à la fois, où l'Afrique est magnifiquement et amoureusement décrite. La montée de la violence est lente et angoissante, jusqu'aux 50 dernières pages qui sont littéralement glaçantes. Quand à la dernière phrase, elle vous remuera les tripes pendant un long moment... Bref, je recommande !
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